jeudi, juin 05, 2008

Like A Virgin


Like A Virgin
Originally uploaded by cicconeboy.


Depuis quelques jours, une polémique a été crée autour de ce couple dont le mariage est annulé.

On monte une mayonnaise à coup de religion, mêlant l’Islam à cette affaire civile et privée. On vat même jusqu’à parler de régression. Ceux qui crient à la protection de la femme ne semblant pas entendre la voix de l’ex-épouse. On invoque aussi l’inégalité entre l’homme et la femme face à la virginité comme si c’était une nouveauté et que l’on pouvait par la loi faire abstraction du déchirement d’un hymen.

On oublie au passage le fondement de l’institution maritale comme on omet les principes républicains. Le mariage est un contrat légal qui entérine des vœux officiels d’amour, de protection et de fidélité. Ce contrat est basé sur une confiance réciproque en une situation préalable ou chacun se fait une idée la plus précise que possible du caractère et des qualités de l’autre. Un mensonge qu’il soit volontaire ou par omission en change la donne.

Ce n’est pas à la loi mais au conjoint de définir les critères qu’il juge nécessaires et primordiaux à l’établissement du dit contrat. Peut importe que ces critères soient ou non de caractère sexuels à partir du moment où en leur absence le dit contrat n’aurait été établi. Si d’aucun estime qu’il lui est impossible d’épouser une rousse, un noir, un pauvre ou une royaliste de quel droit l’état le forcerait à chérir ce qu’il ne peut. Si la virginité est une indispensable clause de ce contrat avant l’union, un préalable, c’est aux deux parties d’en constater l’absence et donc l’incompatibilité qui en découle, de rompre ou de s’en accommoder. Il y a suffisamment de célibataires de par le monde pour tenter de reconstituer un couple plus en accord.

Voici quelques pensées philosophiques concernant le sujet :

[…] Une jurisprudence de 2004 avait décidé sur ce même fondement d’annuler un mariage parce que l’un des époux n’avait pas fait mention d’une union antérieure et donc d’un divorce. Une décision révélant elle aussi une vision archaïque des relations homme-femme mais qui, elle, n’a pas fait couler d’encre. Pour moi, dans l’affaire récente, c’est cette médiatisation qui est discriminatoire et renforce encore plus l’islamophobie qui sévit dans notre pays.
[…] La lutte pourrait par exemple passer par une interdiction pure et simple de délivrer des certificats de virginité. Je sais que parfois les familles brandissent fièrement le certificat de virginité de leurs filles avant le mariage. Pour certains, c’est un «diplôme» plus important que le bac. Il existe des médecins qui refusent catégoriquement de délivrer ces certificats ou d’autres qui le délivrent en fermant les yeux sur la jeune fille souvent apeurée. La mise en place d’un numéro vert spécialement pour celles qui auraient peur de subir un mariage forcé ou arrangé pourrait être aussi une solution. Cela pourrait par exemple aboutir à une médiation avec les membres de la famille…
[Nadera Massoma, Jours tranquilles à Clichy-sous-Bois : “Like a virgin”.]

[…] Lui est un Français né au Maroc, à Fez, âgé d’une trentaine d’années. Ingénieur, il est bien intégré professionnellement, tout comme son frère, qui occupe un poste de direction dans une société. Elle, aussi d’origine marocaine, est née en 1983 dans le nord de la France où elle poursuit des études d’infirmière. Tous deux sont de confession musulmane et une petite dizaine d’années les sépare. Avant de s’unir, Aïcha et Nouredine ont pris le temps d’apprendre à se connaître. Leur attachement a grandi sous le regard bienveillant de leurs proches pendant près de deux ans. Mais Aïcha, qui n’avait sans doute pas parlé à sa famille d’une précédente relation, n’a pas la force d’expliquer qu’elle n’est pas vierge.
L’échéance de l’union approchant, la jeune femme aurait songé à faire appel à la chirurgie pour reconstituer son hymen. Opération imparfaite ou non effectuée ? Quoi qu’il en soit, le soir même des noces, le scandale éclate. Vers quatre heures du matin, le marié annonce la nouvelle aux invités qui partageaient le dernier thé à la menthe. Accusée d’avoir humilié son époux et leurs deux familles, Aïcha aurait été reconduite chez ses parents dans la foulée. Pour Nouredine, la procédure de nullité de l’union de venait la seule façon de laver son honneur. Une annulation qu’il demande non pas au nom d’un « droit à la virginité » mais du mensonge de sa future épouse.
[…] Effrayée de voir l’affaire se prolonger pendant des années, la jeune femme accepte alors d’entamer la procédure. « Il ne s’agit pas d’une soumission, souligne Maître Mau­ger. Son acquiescement lui permettait de sortir techniquement d’une procédure. Le juge l’a compris et a entériné cet acquiescement. Ma cliente était malgré tout très contente, car cette décision lui a permis de retrouver sa liberté. C’est un soulagement. » C’est ainsi que l’union d’Aïcha et de Nouredine a été « effacée ».
[Le Figaro, Agnès Leclair : “Mariage annulé, l’épouse a cédé aux pressions”.]

[…] Pour le dire très vite : un jour, j’ai accepté de me marier. Je me suis mariée avec un homme avec lequel je n’avais rien à partager. Une connaissance, en Algérie, avait fait une demande officielle, pendant des vacances. Ce n’était pas un mariage forcé. […] J’étais adulte, je vivais à Paris et nul ne me forçait à rien. Mais je l’ai décidé sans le vouloir. Je l’avais fait par abandon, […] pour faire plaisir à ma famille. […] Il n’y avait pas d’amour, pas de vrai choix… C’était impossible. L’homme que j’épousais n’y était pour rien. […] Je me suis mariée et aussitôt, j’ai voulu effacer cela. J’ai demandé l’annulation du mariage. […] Aujourd’hui, juridiquement, c’est comme si je ne m’étais jamais mariée. […] Je sais ce que cela représente pour une femme d’être submergée au point de céder sur le plus précieux : l’intégrité. J’y ai échappé, mais on ne reste pas indemne quand on a frôlé cela.»
[Rachida Dati.]


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