ManuRhin 1973
Hier, nous sommes allé voir le dernier film d’Olivier Marshall. Matthieu avait eu l’occasion de l’interviewer lors de la sortie de 36 Quai des Orfèvres et comme il nous avait dit beaucoup de bien de l’homme comme de son film, nous avons voulu voir ce qui selon c’est dire n’est pas une suite mais le troisième volet d’une série débutée avec le film Gansters. Un triptyque qui aurait pour thèmes, la solitude, la désespérance et l'errance. Au travers de ces trois films, il a voulu rendre hommage aux flics qu’il a connus. Des flics abandonnés par les leurs, trahis par les instances supérieures et rongés par un métier qu'ils mettent au-dessus de tout. Au-delà de l'intrigue policière, il souhaitait réaliser un film sur la rédemption et l'oubli.
Le titre MR 73 fait référence à l'arme de poing calibre 357 Magnum sortie des ateliers de Manurhin (Manufrance-Rhin). C’est un revolver à simple ou double action français mis en production en 1973 et fabriqué à Mulhouse. Il s'agissait alors du premier revolver construit en France depuis 1892. Il a été développé pour répondre à la demande d'un revolver de très haute qualité de la part de la police et de la gendarmerie, notamment de leurs unités spéciales et pour remplacer les Smith&Weston. Les qualités de cette arme lui ont donné d'être toujours utilisée depuis 30 ans au Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, ainsi que dans les Groupes d'intervention de la police nationale et l'USP luxembourgeoise. Par le passé, elle l'a été par le Raid, le groupe d'intervention GEO de la police espagnole et le GEK Cobra de la gendarmerie autrichienne dans les années 1980-1990.
Malheureusement, nous avons été déçus.
Non par le jeu des acteurs, car pour ce troisième long métrage, le réalisateur s'est entouré de ses fidèles :
Daniel Auteuil, déjà héros de 36 Quai des Orfèvres, cet habitué des films policiers incarne cette fois ci Louis Schneider, un flic à l’ancienne que son passé et l’alcool détruit à petit feu. Ses qualités d’acteur ne sont pas en cause, mais j’ai du mal à trouver quelque véracité dans ce personnage plus que noir qui noye le chagrin d’avoir perdu sa fille et en partie sa femme dans les bras d’une autre. De plus si l’alcool a fait tant de ravage, j’ai du mal à imaginer qu’il puisse avoir tant d’éclairs de génie. Mais aussi Gérald Laroche, que l'on a pu voir dans le premier film, Gangsters, il campe là Matèo, le meilleur ami, le compagnon d’armes, le faire-valoir de Louis. Guy Lecluyse en flic légèrement ripoux et Francis Renaud en méchant flic, déjà présents au générique de ses deux précédents films avec comme toujours le soutient de son épouse Catherine Marchal.
Ce n’est pas non plus par le scénario car l’histoire est somme toute classique. Un tueur en série ensanglante la ville et les environs de Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l'enquête malgré l'alcool et les fantômes de son passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. 25 ans plus tôt, ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l'avait alors arrêté. Mais aujourd'hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, deux êtres qui tentent de survivre au drame de leur vie. Deux histoires, le même type d’enquête, l’une à son début et l’autre longtemps après, les mêmes horreurs et les mêmes séquelles.
Ce qui nous a déçu dans ce film c’est surtout son manque de réalisme. A vouloir trop en faire, le film en devient une pure fiction, une image de l’esprit. Tout d’abord, les images sont saturées à l’extrême. Il semble évident que cela est destiné à renforcer la noirceur du film. Mais que l’on ne nous prenne pas pour des billes. Où a t’on déjà vu des locaux de la police dans un tel état de répugnance ? Qu’ils soit délabré je veux bien mais là, ils ressemblent plus aux égouts de la ville qu’à des locaux fonctionnels. C’est ainsi pour tous les décors, un soleil de plomb mais une poussière d’enfer, des plâtres écaillés alors que tous circulent dans de magnifiques voitures rutilantes et surement astatiques.
Bref, pas terrible.