Carnet de vacances, J7 - Mercredi
Cela fait une drôle d’impression de constater que ses parents ne sont plus les personnes fortes que l’on a connu et que si leur esprit est toujours aussi vif, leur corps est devenu fragile, aussi cassant qu’une coquille d’œuf, ne conservant un aspect solide que grâce à une mince couche de rigidité aux angles arrondis par l’usure du temps et polis par habitudes.
Ce matin, j’ai été à la pharmacie de Vélines chercher les médicaments prescrits pour la gastro-entérite de Mamie, puis j’ai fini de fendre les souches pour que l’on puisse y mettre le désherbant.
Après manger, nous avons retrouvé les coordonnées d’un ami d’enfance de Papy. Malheureusement, il était mort depuis 1999. Ensuite, nous avons été faire quelques photographies à la roche aux fées.
J’y avais été il y a quelques années. C’était alors un endroit magique qui portait bien son nom puisque la source naturelle qui se déversait dans le lavoir abritait alors de véritables fées, des tritons palmés et des salamandres. Ces animaux si rares qu’ils en deviennent mythiques, y nageaient à foison. Ces urodèles sont tellement rares que Matthieu n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait. Quand je les avaient vues pour la première fois, les salamandres étaient longues comme le pouce, striées de jaune sur leur dos noirâtre, elles prenaient le soleil dans les tâches de lumières filtrant entre les branchages. Les tritons eux n’avaient pas encore atteints l’âge adulte et nageaient avec paresse dans l’eau claire fraiche et limpide du lavoir.
Malheureusement, aujourd’hui, le lavoir ne contient plus qu’une eau trouble et blanchâtre ou ne nageaient que quelques crevettes d’eau douce. Il ne peut s’agir de salamandridés qui elles sont vivipares (les bébés sont à l’image des adultes). Il faut dire que le lavoir abrite désormais deux gros tuyaux qui grâce à une pompe permettent l’arrosage d’un jardin en surplomb.
On comprend qu’ainsi troublées dans leur quiétude, les fées aient disparues ne survivant que dans l’imagination de quelques uns. Quel dommage que l’on ne puisse en faire profiter nos enfants.