samedi, août 23, 2008

Des coqs scions


Oyez, Oyez sorcières et harpies,
Car voici la plus suprême incantation,
Plus que filtre d’amour et autres poisons,
Celle que l’on murmure en faisant la potion
Qui des enfers ramène l’homme à la vie.

Commençons tout d’abord par le sacrifice
D’un gros coq à la crête bien rubiconde.
Arrachons lui plumes et tripes immondes,
Débitons le dans une gamelle ronde
En neuf morceaux pas plus gros que la cuisse.

Baignons le dans un litre du sang vermillon
Tiré d’une treille qu’aux pieds on a foulé
Puis d’entre nos griffes déposons deux pincées
De la sanie qu’en hivers la mer à laissée
Autant des sucs de la canne d’un négrillon.

Ajoutons de la poussière de Cayenne,
De l’ail la gousse pour refréner l’appétit
Des saigneurs, succubes et goules abruties,
Les dents vertes d’un brin double de persil.
La potion reposera une nuit pleine.

Vous aurez besoin de votre plus noir chaudron.
Placez le culoté dans un cercle de feu,
Réduisez d’un tour de main les flammes aux bleus.
Enfin trucidez un gros porc bien adipeux
Mettez que des petits bouts de flan en cuisson.

Ajoutons une poignée de noires morilles
Et le corps démembré de la préparation.
Coupons d’un doigt de cognac macération
Enflammons en, mes sœurs, les évaporations
Mais du calme, maitrisez-vous qu’il ne grille.

Armons nous, vieilles filles, d’une baguette
Pour touiller sur le feu le pus du trépas
Qu’une poignée de poudre de blé liera.
Dans le chaudron, mettons le coq et l’incarnat.
Un peu de patience et la potion est prête.

L’heure est venue d’invoquer le mal divin
Pour qu’il puisse quitter les affres de l’enfer,
Les gargotes et les troquets où il s’enferre,
Soumettre ses crocs à votre savoir faire :
Le diner est servi, ce soir c’est du coq au vin.


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